Numéro actuel

POLI – POLITIQUES DES CULTURAL STUDIES
Numéro 17 – AUTOMNE 2023


Ce numéro interroge la conflictualité sémantique autour de la République et de ses valeurs, ainsi que la façon dont sont produits, reproduits ou contestés, en leur nom, des rapports sociaux et de pouvoir dans l’espace républicain. En partant de discours publics, politiques, étatiques, médiatiques qui circulent – à propos des minorités ethnoraciales notamment -, il souhaite questionner la tension existant entre démocratie et autoritarisme dans la France contemporaine.

Une République « exceptionnelle » ?

Régime de valeurs, démocratie et autoritarisme


Une République « exceptionnelle » ?  Régime de valeurs, démocratie et autoritarisme

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Marion Dalibert et Keivan Djavadzadeh

Résumé

Ce numéro interroge la conflictualité sémantique autour de la République et de ses valeurs, ainsi que la façon dont sont produits, reproduits ou contestés, en leur nom, des rapports sociaux et de pouvoir dans l’espace républicain. En partant de discours publics, politiques, étatiques, médiatiques qui circulent – à propos des minorités ethnoraciales notamment -, il souhaite questionner la tension existant entre démocratie et autoritarisme dans la France contemporaine.

 

Le contrat d’intégration : la fiction égalitaire du contrat au service de la contractualisation républicaine de l’intégration

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Nadia Ouabdelmoumen

Résumé

Partant de l’exemple de la contractualisation des politiques de l’immigration et de l’intégration, cette contribution propose d’interroger la fiction égalitaire du contrat, au centre des discours de légitimation du contrat d’intégration, pour discuter la part processuelle et articulée des rapports de pouvoir (contrat sexuel et contrat racial) à l’œuvre à travers ce dispositif de contrôle des politiques de l’immigration et de l’intégration.

 

Conceptualiser la République réactionnaire : entre hype populiste, racisme libéral et normalisation du discours d’extrême droite

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Aurélien Mondon

Résumé

Cet article interroge comment la conception française actuelle de la démocratie et de la République est réactionnaire, attendu que l’extrême droite est devenue un acteur à part entière de la vie démocratique et où nombre de ses idées sont maintenant adoptées comme normes. Pour rendre compte des évolutions qui ont conduit à l’avènement d’une « République réactionnaire », cet article se penche tout d’abord sur l’évolution du racisme en France, car c’est le déni de la persistance d’un racisme structurel qui a conduit à la normalisation des politiques réactionnaires. Il se tourne ensuite vers la construction de la montée de l’extrême droite comme demande démocratique, voire même populaire, pour démontrer qu’elle prend sa source non pas dans « le peuple », « les classes populaires » ou « la classe ouvrière », mais dans les milieux élitistes, qu’ils soient politiques, médiatiques ou même universitaires.

 

Des quartiers populaires en temps de crise sanitaire : entre altérité et exemplarité

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Isabelle Garcin-Marrou

Résumé

Le traitement médiatique de la crise Covid19 a fait apparaître des discours médiatiques très stigmatisants pour les quartiers dits « populaires » — quartiers pauvres, à forte densité de population, dont les résident·es constituaient aussi les travailleur·euses de la « 3e ligne », employé·es dans les services marchands, les services de soin, les transports. Les discours ont ainsi beaucoup insisté sur les transgressions de confinement, les comportements de désobéissance, mais ils ont laissé apparaître des portraits un peu différents, consacrés aux « travailleur·euses essentiel·les », « héro·ïnes du quotidien ». Dans ce double mouvement discursif, et dans une temporalité politique de forte réaffirmation de l’autorité de la République dans la régulation des comportements individuels, la presse française a ainsi signifié, à des degrés divers selon les quotidiens, une forme de reconnaissance à celles et ceux qui, figures républicaines exemplaires quoique issues des quartiers usuellement altérisés, faisaient tenir le pays.

 

L’universalisme et la production de « citoyen·nes outsider » (entretien)

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Jean Beaman

Résumé

« Le concept de “citoyen·nes outsider” est issu des théories de la pensée féministe noire et renvoie, entre autres choses, au fait de faire partie d’une société d’un point de vue légal, ou formel, mais pas d’un point de vue culturel ou “réel” pourrait-on dire. Je pense ici à W.E.B. Du Bois (2007 [1903]), à Patricia Hill Collins (1986), ou encore à Cathy Cohen (2012). C’est cette dernière, professeure de science politique à l’Université de Chicago, qui a introduit le terme “outsider” pour parler plus spécifiquement du statut contemporain des Africain·es-Américain·es. »

 

Économies affectives

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Sara Ahmed

Résumé

« Dans de telles économies affectives, les émotions font des choses, et elles alignent les individus sur les communautés – ou l’espace corporel sur l’espace social – par l’intensité même de leurs attachements. Plutôt que de considérer les émotions comme des dispositions psychologiques, nous devons examiner comment elles fonctionnent, de manière concrète et particulière, pour médiatiser la relation entre le psychique et le social et entre l’individuel et le collectif. Je vais en particulier montrer comment les émotions fonctionnent en collant ensemble des figures (adhérence), un collage qui crée l’effet même d’un collectif (cohérence), et ce en me référant aux figures du demandeur d’asile et du terroriste international. Mon modèle économique des émotions suggère que si les émotions ne résident pas positivement dans un sujet ou une figure, elles n’en travaillent pas moins à lier les sujets entre eux. En effet, pour le dire plus fortement, la non-résidence des émotions est ce qui réalise leur “lien”. »

 

Plus dans un ciel futur. Nationalisme, genre et race

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Anne McClintock

Résumé

« Tous les nationalismes sont genrés, tous sont inventés et tous sont dangereux — dangereux non pas dans le sens d’Eric Hobsbawm pour qui il conviendrait de s’y opposer, mais dans le sens où ils représentent des relations au pouvoir politique et aux technologies de la violence. Le nationalisme, comme le note Ernest Gellner, invente des nations là où elles n’existent pas et la plupart des nations modernes, en dépit de leur renvoi à un passé auguste et immémorial, sont en effet des inventions récentes. Benedict Anderson souligne cependant à raison que Gellner a tendance à associer l’invention à la fausseté plutôt qu’à l’imagination et à la création. Anderson considère les nations, selon sa trop célèbre expression, comme des “communautés imaginaires, et imaginées” [imagined community] — au sens où elles sont des systèmes de représentations culturelles par lesquels les gens en viennent à imaginer une expérience partagée d’identification à une communauté étendue. En tant que telles, les nations ne sont pas uniquement des fantasmagories de l’esprit, mais bien des pratiques historiques par lesquelles la différence sociale est à la fois inventée et réalisée [performed]. »

 




texte libre


Je rencontre des gens

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Antoine Mouton

Résumé

Je rencontre des gens détruits. Ça ne se voit pas toujours au premier abord, mais quand on passe un peu de temps avec eux, qu’on leur pose des questions ou qu’on les observe mieux, on voit comme la destruction a œuvré en eux.


Remerciements

Jean Beaman, Laurence Bourgeon, Audrey Célestine, Fathallah Daghmi, Lucie Dalibert, Angéline Escafre-Dublet, Anne Isabelle François, Franck Freitas Ekué, Chloé Gaboriaux, Isabelle Garcin-Marrou, Ninon Grangé, Bertrand Guillarme, Samuel Hayat, Amandine Kervella, Anne McClintock, Aurélien Mondon, Antoine Mouton, Kerin Ogg, Aurélie Olivesi, Nadia Ouabdelmoumen.